Je suis dans une période où je navigue rapidement entre la peine profonde et une hyper conscience du bonheur.
Je peux donc très vite chavirer dans les larmes.
C'est sûrement ces fêtes de fin d'année, Noël, Nouvel an et l'approche des dates anniversaire... ou c'est peut-être les raisons visibles que je peux utiliser pour avoir le droit de plonger dans mes démons.
Avoir une bonne excuse pour être triste, pour qu'on ne me dise pas "c'est bon ça fait 5 ans maintenant, tu as Victoire et Avry, t'es super forte depuis le début, tu ne vas pas craquer maintenant?!"
Mais, en réalité je souffre tous les jours depuis 5 ans.
Je devrais faire comme toutes les mamans, préparer une fête pour les 5 ans de mon fils, mon premier fils, c'est si spécial... Mais non, j'ai commandé des fleurs pour sa tombe. Je ne le fais pas de bon cœur mais si je ne le faisais pas ça me rongerait.
Mais, je me demande ce qu'il aimerait comme personnages, dessins animés, à quoi il aimerait jouer... A qui et quoi il ressemblerait... Je tente sans cesse de l'imaginer en mélangeant Victoire et Avry.
Il n'y a pas longtemps, j'ai rencontré une maman à un anniversaire, son fils était mort 20 auparavant, j'ai commencé une phrase en lui disant "Est-ce-qu'un jour on...?" et elle m'a coupée en répondant "Non, jamais, on arrête jamais d'y penser et d'avoir mal. On y pense le matin, le soir, la nuit...". Ça m'a serrée le cœur pour deux raisons. Déjà, je venais de comprendre que j'avais pris perpet. Je souffrirais toute ma vie mais OUF je n'oublierais pas, je n'oublierais rien, je penserais à lui toute ma vie...
C'est donc ça être maman d'un enfant mort, souffrir et cogiter sans cesse, jusqu'à avoir peur d'être avec soi-même. J'ai appris à me connaître en 5 ans, à apprivoiser mes limites car quand on perd un enfant (d'ailleurs on ne le perd pas, cette expression est ridicule), on tombe la tête la première dans un gouffre, notre propre gouffre duquel on ne ressort jamais indemne...